Fleet, notre vision pour le futur

Dans le cadre de la semaine de la mobilité, nous avons rencontré Gilberte Vereeken, General Manager d’ENGIE Fleet et son collègue Eddy Van Dycke, Business Support Manager. ENGIE Fleet soutient les entités de ENGIE dans la gestion de leurs véhicules de société, de l’achat du véhicule à sa fin de vie au sein de l’entreprise. Son expérience dans la gestion de plus de 7000 véhicules personnels et utilitaires lui permet de proposer des services de qualité à des clients externes en Belgique. Dans un exercice de prospective, ils nous expliquent ce que pourrait être la gestion de la mobilité à l’horizon d’un futur peut-être pas si éloigné…
18/09/2018

Vers quel avenir se dirige la gestion de flotte ?

Aujourd’hui, on parle beaucoup de gestion de la mobilité. On constate d’ailleurs que des formations naissent, en Belgique, pour devenir « mobility manager ». En d’autres mots, pour définir et mettre en place l’architecture de la mobilité multimodale en entreprise. Demain, il ne sera plus simplement question de gestion de flotte. L’éventail des missions du « fleet manager », en tant que conseiller et logisticien d’une flotte, sera beaucoup plus large car, avec la diversification des moyens de déplacement, il se rapprochera inévitablement du HR management et du facility management.

Mais dans notre vision, on ira beaucoup plus loin ! Dans quelques années, au-delà du mobility management, il faudra se parfaire dans le MaaS management. Un modèle, déjà d’application dans les pays scandinaves, qui se duplique aux Pays-Bas et qui arrive tout doucement aux portes de la Belgique.

 

Le MaaS management, kesako ?

Mobility as a Service ! Il faut imaginer le MaaS comme une large plateforme opérationnelle permettant d’organiser individuellement sa mobilité prépayée. L’idée est de répondre à la mobilité multimodale en faisant appel à plusieurs types de déplacement intégrés dans une seule application smartphone qui crée et optimise les trajets de l’utilisateur.

Un exemple concret, avec le MaaS, il sera possible via une application, de réserver un taxi qui vous amènera de votre domicile jusqu’à la gare A. Une fois arrivé à la gare B de destination, et toujours grâce à votre application, un vélo vous attendra pour poursuivre votre trajet jusqu’à votre destination finale. Ce trajet aura été optimisé par l’application c’est-à-dire qu’il aura répondu à vos préférences de temps, de coûts, d’effort, etc.

Mais attention, ça veut dire que tous ces moyens de déplacement que vous utilisez ne vous appartiendront plus. La carte mobilité prépayée qui sera dans votre portefeuille remplacera la voiture qui est actuellement garée tous les soirs devant chez vous. Après-demain, c’est vous qui choisirez, vous concocterez votre mobilité au jour le jour !

 

N’est-ce pas un modèle un peu… utopique ?

Du tout. Les changements sociétaux nous y amènent peu à peu. On constate aujourd’hui que la nouvelle génération se porte davantage sur la dématérialisation ; on passe son permis de conduire beaucoup plus tard, on ne souhaite plus forcément posséder une voiture, on se laisse conduire, on utilise des moyens de déplacements alternatifs. Bref, on sent qu’un nombre toujours plus élevé d’individus s’interroge sur la véritable nécessité d’investir dans son propre outil de déplacement.

Le meilleur exemple est d’observer l’évolution des dispositifs de parking dans les festivals. On constate que les parkings voitures ont été réduits de 30 % à la faveur de parkings vélos, d’accords avec les transports en communs, etc.

Tout cela pour dire qu’il ne s’agit certainement pas d’une utopie mais bien d’une tendance réelle.

 

Un modèle transposable aux entreprises ?

Le MaaS sera tout à fait transposable aux entreprises, évidemment. Elles adhèreront à des grands joueurs de type Google ou Microsoft, elles pourront aussi créer leur propre Company- MaaS…

Une société comme ENGIE sera d’ailleurs peut-être amenée à créer son propre company MaaS. C’est pourquoi chez ENGIE fleet, même si c’est une vision encore très lointaine, nous réfléchissons de plus en plus à la manière de faire évoluer les fleet managers en « company MaaS managers ». En effet, ENGIE a déjà beaucoup d’outils à disposition ; des voitures partagées, une plateforme de carpooling, des voitures de société, des véhicules utilitaires, des parkings voitures et vélos, etc. Tout ceci pourrait, à un moment, être géré à la manière du Mobility as a Service.

Aujourd’hui, le fait qu’ENGIE Fleet ait une vision de la mobilité à long terme, nous permet de ne pas nous restreindre dans les décisions que nous prenons pour demain.

 

Y a-t-il des conditions pour qu’un modèle MaaS se mette en place en Belgique et dans ses entreprises ?

Oui, il faudra sans aucun doute des politiques fortes qui adhèrent au modèle et fassent en sorte de faciliter les prises de décisions pour la mise en œuvre d’un MaaS. Un simple exemple : un modèle comme le MaaS implique la possibilité de déposer un véhicule n’importe où dans la rue (pas seulement dans des parkings). Or, nous constatons aujourd’hui une réelle disparité en termes de décisions liées au parking en Belgique ; certaines communes acceptent que l’on dépose une voiture sans que cela n’implique la réception d’un pv alors que d’autres y sont réfractaires. Il faudra, donc, trouver des accords tant nationaux que locaux.

Une autre condition touchera aux aspects liés à la protection de la vie privée. Un MaaS ne peut fonctionner que si l’on accepte de faire connaître ses intentions de trajets. Il faudra donc remettre en question la perte de « privacy » dans le domaine de sa mobilité.