Les centrales nucléaires d’Electrabel sont-elles trop vieilles ?

La semaine dernière, le Chief Nuclear Officer chez Electrabel, Thierry Saegeman, revenait au Parlement fédéral sur la dégradation du béton des centrales nucléaires. Résumé de ses propos en 3 questions.
12/10/2018

Quelles centrales nucléaires seront-elles encore opérationnelles cet hiver ?

Thierry Saegeman : « Dans le courant du mois de novembre, seule une de nos sept unités, Doel 3, sera en service. Mais, à compter du 17 novembre, en plus de Doel 3, Tihange 1 sera à nouveau connectée au réseau.

Cette indisponibilité du parc nucléaire a trois causes :

  • Tihange 1 sera, comme prévu, en période de révision du 13 octobre au 17 novembre. Le combustible nucléaire usé doit être déchargé et du nouveau combustible doit être rechargé pour pouvoir fonctionner à nouveau cet hiver.
  • Doel 1 et Doel 2 seront à l’arrêt pour effectuer une partie des travaux nécessaires pour prolonger de 10 ans leur exploitation, soit un investissement total de 700 millions d’euros. Une petite fuite a par ailleurs été détectée et nos équipes travaillent sur les analyses et les réparations. À ce stade, notre meilleure estimation du redémarrage de ces unités est communiquée à REMIT (‘Regulation on Wholesale Energy Market Integrity and Transparency’). Comme tout gros projet industriel et compte tenu des analyses en cours, les dates de fin peuvent évoluer en cours de projet.
  • À Doel 4, Tihange 2 et Tihange 3, des inspections ont été effectuées sur le béton des bâtiments de la zone non nucléaire dans laquelle sont logés les équipements du second niveau de protection. C’est un bâtiment annexe, qui ne sert qu’en cas d’accident d’origine externe à la centrale (comme une chute d’avion), que nous devons réparer suite à des anomalies dans les armatures en acier, se situant sous un plafond très épais. L’état de dégradation du béton varie d’un bâtiment à l’autre, mais les meilleurs spécialistes sont à l’œuvre pour terminer les analyses et envisager les travaux dans les meilleures conditions possibles. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) devra bien entendu donner son accord une fois les travaux terminés pour redémarrer les unités en toute sécurité. »

Comment ces dégradations du béton n’ont-t-elles pas pu être envisagées plus tôt ? La situation a-t-elle été sous-estimée ?

T.S. : « L’état du béton a toujours été suivi avec beaucoup d’attention par Electrabel. Les rapports d’inspection en témoignent.

En cas de dégradation, les réparations ont immédiatement eu lieu lorsque cela était nécessaire ou ont été planifiées en ligne avec nos politiques de maintenance si ce report ne présentait aucun risque pour la sûreté nucléaire. La sûreté nucléaire est la plus haute priorité de notre société. L’état du béton a toujours été communiqué par Electrabel à l’AFCN et les interventions ont toujours été faites en concertation avec elle. Nous entretenons nos centrales de façon permanente et réalisons chaque année des investissements colossaux pour ce faire, de l’ordre de 200 millions d’euros par an (hors investissements de prolongation de 1,3 milliard d’euros). Il est donc important de bien comprendre que nos unités ne sont pas ‘en panne’. La question qui se pose est une question relative à la sûreté nucléaire et, sur ce point, nous n’avons jamais transigé, et nous ne le ferons jamais. »

Les centrales ne sont-elles pas aujourd’hui trop vieilles ? N’y a-t-il pas de risques en matière de sûreté nucléaire ?

T.S. : « Nos centrales ne sont évidemment plus les mêmes qu’il y a quarante ans. Elles ont été actualisées et modernisées en permanence au fil du temps et en particulier lors des révisions décennales. Elles répondent aux normes strictes actuelles. Les dégradations de béton observées sont apparues sur des bâtiments annexes, non nucléaires, et il n’y a jamais eu de risque pour la population ou l’environnement. Et nous allons bien entendu réparer les dégradations observées et nous remettre en conformité là où c’est nécessaire.

Il est important de rappeler que notre entreprise investit massivement chaque année pour la maintenance de ces centrales : environ 200 millions d’euros par an. Par ailleurs, la prolongation de la durée de vie de nos centrales n’est pas du tout unique. Parmi les 438 réacteurs en exploitation dans le monde, 63 ont atteint l’âge de 40 ans ou plus. C’est notamment le cas de la centrale de Borssele aux Pays-Bas, de Beznau en Suisse, de Ringhals en Suède et de plus de trente centrales nucléaires aux États-Unis. Dans le monde, la durée d’exploitation de nombreuses centrales nucléaires a été prolongée jusqu’à soixante ans et des projets visant à les prolonger jusqu’à 80 ans existent aux Etats-Unis. Ce n’est évidemment pas de gaieté de cœur si nous arrêtons aujourd’hui nos unités de production, mais la sécurité nucléaire prime avant tout. »

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