Rouler à l’essence solaire

Un carburant liquide à base des rayons du soleil, de CO2 et sans une goutte de pétrole. C’est ce que sont parvenus à produire des scientifiques suisses. Rouler à l’essence solaire pourrait s’envisager dès 2025 !
Isabelle V.
19/09/2019 |

Des chercheurs de l’université polytechnique de Zurich (EPFZ) ont en effet réussi à fabriquer un carburant liquide 100% écologique grâce au soleil. Bref, de l’essence solaire ! Une première mondiale.

Du soleil, de l’eau et de l’air

Aucune goutte de pétrole n’entre dans le procédé de fabrication de ce carburant révolutionnaire. Les scientifiques ont toutefois dû construire, pour le produire, une mini raffinerie. Une raffinerie solaire qui a plus des allures d’antenne parabolique que de plateforme pétrolière.

Objectif : produire 10 millions de litres d’essence solaire par an

Installé sur le toit de l’EPFZ, l’École polytechnique fédérale de Zurich, le réacteur utilise un procédé thermochimique. De l’eau et du CO2 sont injectés dans ce réacteur qui, chauffés à environ 1500 degrés grâce au spectre solaire, se décomposent en gaz de synthèse. A savoir un mélange d’hydrogène et de monoxyde de carbone. Celui-ci est ensuite transformé en méthanol, kérosène ou d’autres hydrocarbures utilisables par différents modes de transport. La combustion du carburant produit la même quantité de CO2 qui a été puisée dans l’air pour le fabriquer. Résultat : l’opération est zéro carbone. Le carburant est 100% vert.

Pour les voitures et les avions

Si pour l’instant la raffinerie suisse produit un décilitre de méthanol par jour, ses concepteurs voient plus grand. Avec une surface de miroirs de 200 000 m2, ce n’est pas moins de 10 millions de litres qui pourraient être fabriqués par an. Des essais sont d’ailleurs déjà en cours en Espagne dans le cadre du projet européen SUN-to-LIQUID. Des essais qui laissent entrevoir que si l’essence solaire pourrait être utilisée pour nos voitures, elles pourraient également l’être pour faire voler les avions !

Reste toutefois à améliorer deux choses : le rendement et le prix. L’équipe du Pr Steinfeld, qui a développé cette technologie, entend faire passer le premier de 6% à 20% voire 25%. Quant au prix, il serait 2x plus cher que celui de l’essence ordinaire.