Changement d’heure : économisez-vous vraiment de l’électricité ?

Historiquement, le changement d’heure a été instauré pour économiser l’électricité. Mais son impact est finalement minime et sa suppression devait avoir lieu en 2021. Sauf que les pays européens peinent à s’entendre sur cette harmonisation…
Sébastien V.
28/10/2021 |

Cet automne, c’est reparti pour un tour : le passage à l’heure d’hiver aura lieu dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 octobre. A 3 heures du matin, les horloges doivent être reculées d’1 heure. Il sera donc 2 heures. Nous «gagnerons» une heure de sommeil. Mais ce changement d’heure nous fait-il réellement économiser de l’électricité ? Pour le savoir, un petit retour en arrière s’impose…

Retour sur l’histoire du changement d’heure

Le changement d’heure a été imaginé pour économiser l’énergie. C’est un nouvel horaire qui a été ajouté, entre le dernier dimanche de mars et le dernier dimanche d’octobre. La journée est donc décalée vers le soir, ce qui permet de profiter d’un ensoleillement plus étendu durant les beaux mois et de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel.

On parle alors d’« heure d’été » ou d’« heure avancée ». L’heure légale utilisée précédemment est alors rebaptisée « heure d’hiver », du dernier week-end d’octobre au dernier week-end de mars. Certes, la consommation d’électricité est un peu plus importante le matin (au début du printemps, il fait encore sombre). Mais d’importants gains sont possibles en soirée, dit-on à l’époque.

Après les situations d’exception instaurées durant les deux Guerres, le changement d’heure s’est généralisé dans les années 1970. En Belgique, ce fut en 1977. Il fallait réaliser des économies d’énergie, alors que le Vieux Continent était confronté au premier choc pétrolier (1973), que le chauffage au mazout était répandu, et que les prix de l’électricité étaient fort dépendants de ceux du pétrole.

Une harmonisation du changement d’heure à l'échelle de l’Union européenne est intervenue en 1996, surtout pour mieux coordonner les activités transfrontalières.

Le changement d’heure fait-il vraiment économiser de l’énergie ?

L’éclairage

L’impact du changement d’heure le plus notable est censé concerner l’éclairage, tant public que domestique. En fait, il s’est estompé au fil des décennies. Des progrès techniques ont été réalisés avec les lampes fluocompactes, les tubes TL et désormais, les ampoules LED encore plus économiques… Cela a rendu moins pertinent le système de l’alternance d’heures.

Le chauffage

Les effets sont également maigres pour le chauffage. D’une part, parce que l’isolation des maisons s’est améliorée. D’autre part, parce que la consommation et donc aussi le rendement des chaudières sont beaucoup plus influencés par les températures extérieures. Au printemps et en été, on chauffe en effet beaucoup moins.

Devez-vous toutefois penser à changer l’heure de votre chaudière et de votre thermostat ? Les modèles les plus récents le font automatiquement. Par contre, ce n’est pas le cas des appareils les plus anciens. Vérifiez !

La climatisation

La situation n'est pas claire pour les climatiseurs. De fortes variations apparaissent selon les pays. Tout dépend du climat (méditerranéen, continental...) et des usages.

Les panneaux solaires

Rien à signaler ! Leurs rendements sont indépendants des changements horaires en début et en fin de journée. En effet, c’est à midi que la production d’électricité est la plus forte. Sur l’année, le photovoltaïque est le plus performant en mai et en juin. En été, ses composants sont sensibles aux trop fortes chaleurs. Et en hiver, la production baisse sensiblement. La question de l’heure n’y change rien.

À ce propos, lisez aussi notre article « Automne, été… qu’est-ce qui influence le rendement de vos panneaux solaires ».

Les compteurs bi-horaire

Ils ne doivent et ne peuvent pas être modifiés ! Ils continuent de tarifer le courant en heures pleines (généralement entre 7h et 22h, tarif de jour) et en heures creuses (entre 22h et 7h, tarif de nuit). Le basculement se fait par un signal sur le réseau électrique. Il est capté par les gestionnaires de réseau de distribution qui, eux, s’adaptent automatiquement.

Des résultats confirmés par boxx

L’an dernier, ENGIE a observé la consommation des clients boxx, le thermostat intelligent, avant et après le changement d’heure d’hiver. Résultat ?

> aucune différence de consommation n’est apparue en matinée;

> une légère hausse de 10% a été observée en soirée mais celle-ci résulte principalement du fait que les journées sont plus courtes après le changement d’heure d’octobre.

Conclusion, changer d’heure n’aurait donc bien aucun impact sur notre consommation. Pas étonnant que l’Union européenne a décidé de l’abandonner…

Pour quand la fin du changement d’heure ?

 

Selon le rapport le plus complet et le plus récent sur la question du changement d’heure, publié par le parlement européen en octobre 2017, l’heure d’été entraîne un gain « marginal » en matière d’énergies : à peine 0,34% de la consommation totale, en moyenne. Dans le sud de l’Europe, qui est à une latitude plus basse, ce gain est néanmoins un peu plus élevé, jusqu’à 2,5%.

 

Ce faible impact a été l’argument brandi pour un retour à une heure unique. La Commission européenne a planché sur une proposition législative à cet effet. Le Parlement européen s’est prononcé le 26 mars 2019 à une large majorité (410 voix pour, 192 contre et 51 abstentions) pour acter la disparition définitive du changement d’heure en 2021… Chaque pays ayant le libre choix de son heure. À l’échelon européen, une majorité semble se dégager en faveur de l’heure d’été, mais les pays scandinaves (sauf la Suède) seraient plus favorables à l’heure d’hiver.

C’était en mars 2021 que devait intervenir le dernier changement d’heure pour les États membres partisans de l’heure d’été. Pour les pays adeptes de l’heure d’hiver ? L’ultime passage devait avoir lieu en octobre 2021.

Force est de constater que le projet est « au point mort » ! Évidemment, la crise du covid a fait reculer le sujet sur la liste des priorités européennes, mais les États membres ont également des difficultés à se mettre d’accord. Or, le texte voté au Parlement européen insiste sur le fait qu’il ne faut pas une Europe « puzzle » où il faut jongler avec des fuseaux horaires entre voisins.

Rappelons que la Belgique avait déjà annoncé qu’elle suivrait le choix du Benelux afin de rester dans la même zone horaire que ses voisins. Mais d’autres pays européens ont plus de difficultés à accepter de « partager » le même fuseau horaire. Le sujet reste donc sur la table des négociations afin de trouver un compromis… Bien malin, celui qui pourra annoncer la date de fin du changement d’heure !

 

L’heure d’été entraîne un gain marginal en matière d’énergies