Rétrospective : évolution des marchés de l’énergie durant l’été 2021

Les marchés de l’énergie ont fortement fluctué pendant l’été 2021. Quelle était la situation macroéconomique ? Comment ont évolué le marché du gaz et les émissions de CO2 ? Lisez la rétrospective ci-dessous et tenez-vous informé.
Emilie K.
02/09/2021 |

Les marchés de l’énergie ont fortement fluctué pendant l’été 2021. Quelle était la situation macroéconomique ? Comment ont évolué le marché du gaz et les émissions de CO2 ? Lisez la rétrospective ci-dessous et tenez-vous informé.

Situation macroéconomique

Juillet

En juillet 2021, le variant delta du coronavirus a continué à se propager, ce qui a suscité de l’inquiétude sur les marchés financiers.

La croissance attendue est restée forte, mais semble avoir dépassé son point culminant. Les problèmes de livraison et de logistique ont entraîné une nouvelle hausse des prix dans des secteurs tels que les matériaux de construction et les micropuces.

Cette inflation croissante était-elle un phénomène temporaire ? Telle était la crainte des marchés  qui ont réagi avec une certaine nervosité. Ils ont finalement repris leur mouvement haussier. Le dollar s’est quelque peu renforcé et le rapport EUR/USD était proche de 1,18 fin juillet. 

Août

La poursuite de la propagation du variant delta à partir de début août a surtout été source d’inquiétude en Asie, tandis que l’Europe affichait de nouveau des chiffres de croissance positifs. 

Le variant delta s’est aussi propagé plus rapidement aux États-Unis, qui a néanmoins communiqué des chiffres favorables dans le rapport sur l’emploi.

L’Asie a pris des mesures plus tard dans le mois et a imposé des restrictions en matière de déplacements. La croissance prévue a par conséquent été revue à la baisse.

À partir de la deuxième moitié du mois d’août, le monde entier a surveillé attentivement les contaminations : l’indice mondial de confiance des consommateurs a baissé. 

Toutefois, les marchés financiers ont largement ignoré la progression du variant delta à la fin de l’été. Ils ont à nouveau atteint des sommets historiques.

Entre-temps, le dollar a augmenté face à l’euro (à 1,17), tandis que le taux de change dépassait 1,18 au début de l’été.

Marchés du pétrole

Juillet

En juillet, les pays de l’OPEP+ se sont réunis pour discuter du programme de production. Sans résultat, dans un premier temps : après plusieurs tentatives, aucun consensus n’avait encore été atteint.

En effet, les Émirats arabes unis ne voulaient pas souscrire à un plan commun d’augmentation de la production s’ils ne pouvaient pas revoir leur capacité de production après de lourds investissements.

Les autres pays craignaient de nouvelles augmentations de la production et une baisse des prix. À défaut d’accord, la production est donc restée limitée.

Cela a mis le marché sous pression en raison de la demande croissante à l’échelle mondiale, à l'heure où les voyages étaient à nouveau autorisés. Le prix du Brent a alors augmenté pour atteindre pas moins de 77,6 USD/baril.

En juillet, les réserves de tous les produits pétroliers ont considérablement baissé, tandis que la demande s’était rapidement rétablie entre-temps.

La mobilité en Europe a augmenté, tandis que la demande d’essence aux États-Unis a atteint un niveau record de 10 mb/j. Les Américains ont remplacé l’avion par la mobilité routière individuelle.

Bien que les pays de l’OPEP+ soient entre-temps parvenus à un accord, la pénurie a continué à soutenir les prix jusque fin juillet. 

Août

Début août, l’offre de l’OPEP+ avait de nouveau légèrement augmenté, mais l'offre de l’Iran ne s'est pas accrue. 

En effet, les États-Unis ont accusé l'Iran d'avoir lancé une attaque de drone sur un pétrolier, ce qui a créé de nouvelles tensions et soutenu les prix. 

À partir de la deuxième moitié du mois d’août, la demande de pétrole prévue a baissé car le variant delta a continué à se propager.

Le Brent est ainsi passé sous les 70 USD/b avant de remonter à la fin des vacances, poussé par l’optimisme régnant sur les marchés financiers.

Marchés du gaz

Juillet

Début juillet, la Russie a une fois de plus omis de s’inscrire à une vente aux enchères de capacité en Ukraine pour l’année gazière à venir.

Cela a suscité l’inquiétude du marché quant à l’approvisionnement que l’on peut espérer de la Russie. 

En revanche, l’offre en provenance de Norvège était stable et a même légèrement augmenté. Mais l’approvisionnement en GNL est resté trop faible en raison des prix élevés en Asie. Dès lors, l'accroissement des stocks s’est avéré très difficile, de sorte que le prix a  poursuivi sa hausse. 

Le gazoduc Nord Stream 1 a subi son entretien annuel entre le 13 et le 23 juillet : l’approvisionnement russe a donc fortement baissé.

D’autre part, le directeur général de Nord Stream 2 AG a déclaré, à la même période, que la construction du gazoduc pourrait être achevée en août. But de l’entreprise : lancer le gazoduc cette année encore. 

Fin juillet, les travaux d’entretien annoncés en Norvège étaient terminés. À ce moment-là, l’offre du champ norvégien Troll était encore limitée à cause de problèmes techniques. 

L’offre de GNL est restée faible, tout comme les stocks, ce qui a entraîné une hausse des prix du gaz. De plus, le coût de la production d’électricité à base de charbon a augmenté. Le prix a ainsi bénéficié d’un soutien continu jusqu’à la fin du mois.

Suite aux problèmes techniques à Troll, les travaux d’entretien en Norvège ont pris fin début août.  Une baisse de l'offre russe transitant par la Pologne a également été observée.

Août

Les travaux d’entretien du champ Troll se sont achevés la deuxième semaine d’août et la Russie a une fois de plus omis de s’inscrire à la vente aux enchères de capacité en Ukraine. 

Gazprom a également été victime d’un violent incendie dans l’une de ses installations à Urengoy, le deuxième plus grand champ gazier au monde, situé dans la plaine de Sibérie occidentale. 

En raison de l’inquiétude suscitée par l’approvisionnement russe et des stocks historiquement bas, le CAL22 a atteint un niveau record de 33 EUR/MWh !  Le marché est resté très nerveux jusque fin août, attendant un signal indiquant une offre supplémentaire/neuve. 

Ce qui est survenu avec la diffusion d'une fausse annonce concernant les flux de gaz depuis Nord Stream 2, ce qui a entraîné un mouvement fort des prix.

Certificats d’émissions de CO2 (EUA)

Juillet

Les certificats d’émissions de CO2 ont atteint un nouveau record début juillet : ils sont arrivés à 58,64 EUR/t. 

Un document du plan Fit for 55 ayant filtré a suscité de l’inquiétude concernant l’offre future de quotas d’émission. Le jour suivant ce prix historiquement élevé, les prix du charbon se sont écroulés. La baisse absolue la plus forte jamais connue sur le marché.  

La liquidation massive a été imputée à :

  • une combinaison de prises de bénéfices
  • les données économiques faibles de l’industrie allemande
  • EDF en France, qui a augmenté son objectif de production nucléaire pour 2021

Pendant la seconde moitié de juillet, les quotas d’émission ont à nouveau connu une baisse significative, jusqu’à 50 €. 

Causes de cette baisse :

  • recul du prix du pétrole
  • inquiétudes concernant le variant delta
  • augmentation de la production nucléaire planifiée en France

Cette correction des prix des émissions s’est révélée de courte durée. Le prix a augmenté fin juillet jusqu’à environ 52,92 EUR/t (pour le contrat de décembre 2021).

Août

Durant la première partie du mois d’août, les quotas d’émission ont fluctué entre 52 et 56 €, avec un recul de l’activité dû à la période de vacances. 

À partir de la deuxième moitié d’août, les émissions ont suivi la forte volatilité du marché du gaz. Elles semblent aujourd’hui évoluer dans une nouvelle fourchette comprise entre 54 et 58 EUR/t pour le contrat de décembre 2021. 

À la fin de l’été, les prix des  émissions CO2 ont de nouveau atteint leur sommet historique de 58 € en raison de la complexité du marché du gaz en Europe.

Marché de l’électricité

Juillet

Durant la première moitié de juillet, les prix belges de l’électricité ont reculé en raison de la baisse du CO2.  L’été a débuté avec un contrat BE CAL22 inférieur à 70 EUR/MWh. 

Pendant la deuxième moitié de juillet, le prix a fortement augmenté, dépassant le niveau de 75 €.

Raisons :

  • augmentation des quotas d’émission
  • prix allemands de l’électricité
  • hausse du coût du gaz

Avec des prix du charbon historiquement élevés, l’Allemagne a poussé à la hausse les prix européens de l’électricité.

Août

Pendant la première moitié du mois d’août, une hausse des prix du gaz, du charbon et des émissions a été observée, de sorte que le BE CAL22 a dépassé 82,55 €, un niveau historiquement élevé.  

Mais, quelques jours après ce record historique, les nouvelles concernant le gazoduc Nord Stream 2 ont ramené les prix sous les 76 €. 

Cette opportunité s’est à nouveau révélée de courte durée. La réalité des stocks de gaz bas et les travaux d’entretien (sur le réseau gazier européen) ont à nouveau tiré le CAL22 au-dessus de 80 € à la fin de l’été.

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