Partir en vacances en faisant le pari d’une mobilité plus « verte »

Mer ou montagne ? En couple, famille ou entre amis ? On a tous besoin de souffler. Mais, face au défi climatique, le voyage écoresponsable devient un impératif… Désormais, en plus des euros, les grammes de CO2 pèsent aussi sur nos choix de transport !
Suzanne M.
27/04/2022 |

Il fut une époque où l’on prenait l’avion, comme on changeait de chemise. Mais les temps évoluent devant l’urgence climatique et les enjeux environnementaux contemporains. Cette prise de conscience se focalise souvent sur le trafic aérien… Et pour cause, les émissions générées par l’aviation représentent entre 2 et 3 % des émissions mondiales. Avec 145 à 285 g de CO2 émis par passager et par kilomètre parcouru, le bilan carbone de l’avion le place en tête du classement des modes de transport les plus polluants : ses émissions sont 45 fois supérieures à celle du TGV et 10 fois supérieures à celle du bus. Un aller-retour Bruxelles-New York « coûte » une tonne de CO2, soit la quasi-totalité des émissions auxquelles chacun d’entre nous « devait avoir droit » pour respect les objectifs visés pour lutter contre le réchauffement climatique. 

Symbole du changement graduel des habitudes de voyage, le flygskam. Un concept, né en Suède, qui évoque la « honte » ou le sentiment de culpabilité au moment de prendre l’avion… En Belgique, un sondage de 2019 révèle que 10 % de Belges disent ne plus monter à bord d’un avion, alors que 28 % auraient changé leur comportement de voyage aérien, en raison du défi climatique. Se pose alors une question : comment profiter de vos vacances, tout en prenant le plus possible soin de la planète ? Parmi les options de voyage écoresponsable, on retrouve forcément la voiture électrique !

Au volant de votre voiture électrique

Les véhicules électriques et hybrides ont envahi nos routes, notamment pour les trajets du quotidien. Mais peut-on voyager loin avec ces automobiles plus propres ? La réponse est… oui ! Même si les idées reçues ont la dent dure, l’autonomie des batteries actuelles permet de bourlinguer sans crainte en Europe, mais à condition de préparer un minimum votre périple. Voici nos conseils pour réussir vos vacances en voiture électrique :

1. Optez pour un véhicule adapté

Même si cela dépend de votre destination, tout l’enjeu d’un trajet de plusieurs centaines de kilomètres se pose autour de la question de la recharge. Votre objectif ? Évitez la panne « d’électricité » et les arrêts intempestifs pour charger la batterie. Et pour cause, rejoindre le sud de la France au volant d’une Renault Twingo ZE ou d’une Tesla Model 3, ce n’est pas vraiment la même chose ! Pour ne pas devoir vous arrêter toutes les cinq minutes, votre voiture électrique doit être équipée d’une batterie lithium-ion disposant d’une autonomie suffisante, c’est-à-dire avec au moins 400 km réels au compteur. Sachez que les modèles actuels offrent une autonomie WLTP (la norme européenne) comprise entre 150 et 700 km, mais en pratique, il faut souvent retrancher 20 à 30 %…

2. Préparez soigneusement votre itinéraire

En fonction de la distance de votre périple, il faut anticiper les inévitables étapes pour recharger votre voiture. Des applications gratuites comme Chargemap et ABRP sont vos meilleurs alliés… En quelques clics, vous disposez d’une vue claire des routes à emprunter, des bornes accessibles en chemin (en fonction, du type de connecteur, de votre véhicule, etc.) et du temps de recharge. Bien entendu, votre intérêt (si votre véhicule le permet) est de privilégier les stations de recharge ultrarapide (déployant une puissance d’au moins 50 kW), afin de réduire le nombre d’arrêts. - Avec Tesla, c’est encore plus instantané, puisque les superchargeurs de la marque (plus de 30 000 points dans le monde) peuvent ajouter jusqu’à 275 kilomètres d’autonomie en seulement 15 minutes !

Mais, dans votre planning, n’oubliez pas un « détail »… Vous risquez de devoir faire la file pour accéder à une borne libre, encore plus pendant les congés scolaires ! Alors mieux vaut le prévoir pour ne pas « stresser » toute la famille. Profitez-en pour prévoir une pause agréable, que ce soit pour manger, se dégourdir les jambes, jouer avec les enfants, voire même découvrir les alentours ou en faire une véritable étape de vacances, en passant la nuit à proximité. Comme l’écrit l’écrivain Philippe Pollet-Villard, « dans un voyage, ce n’est pas la destination qui compte, mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout.»

3. Rechargez comme un pro

4. Prévoyez le « bon » portefeuille

Info capitale : votre carte de banque ne vous sera pas d’une grande utilité dans une station de recharge… En effet, chaque réseau a développé sa propre méthode de paiement, alors mieux vaut le savoir à l’avance pour ne pas vous retrouver le bec dans l’eau et la batterie à plat ! Sachez que des badges multiréseau sont prévus pour couvrir la majorité des bornes en Europe. Pour partir l’esprit tranquille, pensez à vous équiper de ces précieux sésames bien avant vos vacances…

Côté finances, ce n’est pas toujours facile d’estimer le budget « recharges », tant cela varie. Une chose semble certaine, les stations ultrarapides sont plus chères… A fortiori, par rapport aux bornes gratuites, mais le voyage sera aussi probablement plus coûteux que si vous étiez au volant d’un véhicule au diesel (même si cela dépend du prix du carburant). En 2021, le prix moyen du kilowattheure en Belgique était de 0,35 € dans une borne publique « lente », contre 0,65 € pour les charges à 50 kW et 0,90 € pour les stations ultrarapides. En d’autres mots, plus vous êtes pressé, plus votre trajet sera cher. 

5. Adaptez votre style conduite

Comme pour un véhicule thermique, votre façon de conduire a un impact sur la consommation électrique. Si vous voulez éviter de devoir recharger trop souvent, mieux vaut ne pas pousser sur le champignon. Conseil : sur l’autoroute, roulez plutôt à 110 km/h, en respectant évidemment les limitations de vitesse. Pour rouler à l’économie, vous pouvez aussi ne pas brancher la clim’ ou les sièges chauffants.

6. Choisissez bien votre destination

Si vous décidez de partir vers le « Nord » de l’Europe, vous ne risquez pas de tomber en panne sèche. En effet, des Pays-Bas à la Scandinavie, en passant par l’Allemagne ou l’Autriche, les bornes électriques ne manquent pas, offrant un excellent maillage du territoire. C’est le cas aussi en France et en Suisse. Par contre, plus au Sud, en Italie, en Espagne, au Portugal ou en Grèce, cela se gâte un peu et vous devrez encore mieux préparer votre itinéraire. Quelle que soit votre destination, si vous passez par Rodenhuize, en Flandre orientale, pensez à tester la première station de recharge ultrarapide alimentée par des éoliennes !

À destination (ou sur la route), choisissez également des logements équipés d’une borne de recharge. De plus en plus d’hôtels et de campings le proposent à leurs clients… Sur Airbnb et Booking, vous pouvez même filtrer les résultats en fonction de ce service. Sur votre lieu de villégiature, faites aussi — avant de partir — le tour de l’offre de recharge électrique, par exemple dans les supermarchés du coin, car vous en aurez certainement besoin !

Quelles alternatives à la voiture électrique ?

1. Le train, plus que jamais le train !

C’est probablement le moyen de transport le moins polluant pour voyager « loin », mais aussi l’un des plus agréables. En effet, le chemin de fer émet en moyenne 50 fois moins de CO2 que la voiture thermique et 80 fois moins que l’avion ! Au-delà des considérations écologiques, le train est aussi un excellent moyen d’aborder autrement le voyage… Une occasion unique de se laisser porter au rythme des « tchou-tchou », de profiter réellement du trajet et du moment présent, de prendre le temps et de découvrir de nouveaux horizons.

D’autant plus qu’il existe des dizaines de trajets mythiques en Europe, courts ou longs, de jour comme de nuit. Voici quelques exemples, tous plus dépaysants les uns que les autres. 

  • Le Swiss Glacier Express pour découvrir les Alpes, comme vous ne les avez jamais vues, sur près de 300 km ;
  • Le Trinichellu pour parcourir la Corse ;
  • Le Transcantabrico qui traverse tout le nord de l’Espagne ;
  • La West Highland Line pour une plongée de quatre jours en Écosse ;
  • Le train de nuit international Trenhotel relie l’Espagne, le Portugal et la France ;
  • Les trains ÖBB Nightjet font le trajet entre de nombreuses villes en Autriche, Allemagne, Italie et Suisse ;
  • Le Berlin Night Express est un direct entre Berlin et Malmö en Suède.

2. Le vélo pour voyager plus « lentement »

Détrompez-vous, le voyage à vélo n’est pas réservé aux grands sportifs ou aventuriers. Il n’est plus rare de voir des familles entières sur la selle à travers les décors européens… En partant directement de chez vous ou en prenant le train avec vos bicyclettes, partez à la conquête de la Belgique, de la France ou des Pays-Bas. Plus que des vacances, c’est une expérience inoubliable et partagée, qui « imprime » les souvenirs au fil des kilomètres. Que cela ne vous empêche pas de réserver de belles nuitées, afin de rendre le voyage plus confortable. Pour un itinéraire longue distance ou de courtes étapes, rien de tel que de profiter de l’EuroVelo, le très complet réseau cyclable européen, qui permet de découvrir le vieux continent à votre rythme.

3. Le covoiturage et le bus

Cela reste du « moteur thermique », mais c’est une façon de mutualiser les usages et donc de diminuer votre empreinte carbone. Plusieurs plateformes de partage de véhicules, comme BlaBlaCar ou Carpool, proposent ainsi des trajets pour partir en vacances… Selon le site français BlaBlaCar, qui couvre pas moins de 22 pays, plus de 100 000 Belges sont partis en vacances grâce au covoiturage au cours de l’année 2019.

Du côté du voyage en bus, de nombreux réseaux disposent d’une offre assez complète et, parfois, peu chère. En tête, FlixBus, un opérateur majeur en Europe, puisque la société allemande relie plus de 2500 destinations dans 37 pays. Pour vous aider à planifier votre itinéraire et choisir les « bons » transports pour vous rendre d’un point a à un point b, vous pouvez consulter le planificateur Rome2Rio.

4. L’avion est parfois… inévitable

L’idée n’est pas de se culpabiliser chaque fois que l’on voyage dans les airs. En effet, certaines destinations sont pratiquement inaccessibles autrement. Le tout est de prendre conscience de nos gestes, afin de faire un maximum de choix écoresponsables. Par exemple, partir moins souvent (en avion), mais plus longtemps. Ou combiner plusieurs moyens de transport, en prenant en compte le budget (évidemment), mais aussi l’empreinte carbone. 

Vous prenez l’avion pour partir en vacances ? Alors, renseignez-vous au préalable pour choisir des vols « efficaces ». En effet, le type de trajet, le taux d’occupation, la compagnie aérienne et l’horaire du vol ont un impact direct sur l’efficacité énergétique du voyage. L’ONG allemande Atmosfair a, par exemple, réalisé un index des compagnies les plus « écologiques » (qui date malheureusement déjà de 2018). Autre moyen d’atténuer votre impact environnemental en vol ? Voyager léger ! En effet, selon Air France, un kilogramme en moins à bord permet d’économiser 69 tonnes d’émissions de CO2 par an. Enfin, il vous reste toujours le recours à la « compensation carbone », via des sites comme Greentripper ou Greenseat, qui réinvestissent l’argent dans des projets durables et écologiquement responsables.

Un dernier mot en guise d’inspiration : le Lonely Planet a sorti son guide du voyage « zéro carbone (ou presque) » !